La vague...
Deuxième vague de cette foutue pandémie, petit vague à l’âme de novembre… Ce que j’arrivais à contenir jusqu’à présent commence à remonter tranquillement. J’en ai marre! Comme plusieurs. Ma situation n’est pas pire qu’une autre, au contraire. J’ai même de la chance de ne pas vivre ça tout seul, personne dans mon entourage immédiat ou ma famille n’a contracté ce satané virus et je me suis retrouvé plus souvent sur des plateaux de tournage en 6 mois que dans les 3 dernières années. Je suis chanceux.
Mais voilà, ça remonte.
Ma situation n’a pas changé beaucoup au début de cette crise au printemps dernier, si ce n’est que j’ai démarré ce site web et que je vous partage mes coups de cœurs culinaires… Faut bien demeurer créatif… Je n’avais pas de travail, et je n’ai pas perdu d’opportunités immédiates non plus. Je me disais que ça allait passer. Ça devait passer par contre. Je ne vivais que dans l’attente d’un magnifique projet qui me donnait de quoi patienter et espérer. Je priais presque le ciel pour que ça cesse à temps.
J’allais jouer au théâtre. En ce moment, depuis octobre, je serais en tournée partout dans la province pour faire ce que j’aime le plus, ce pourquoi j’ai choisi ce métier, jouer au théâtre. Un super rôle. Un gros rôle avec de la belle viande autour de l’os. Ça allait durer 1 an, près de 100 représentations… c’est très rare! C’était une grande marque de confiance de la part du metteur en scène. Je dirais même plus un acte de foi puisque nous n’avions jamais travaillé ensemble et chacun de notre côté attendions avec impatience cette occasion de faire connaissance, humainement et professionnellement. Il avait rassemblé une super équipe d’acteurs, nous allions être une troupe, prêts à partir sur la route pour offrir du théâtre aux jeunes et moins jeunes partout au Québec. Une magnifique mission de démocratisation de cet art : rendre le théâtre accessible à tous. Une mission d’autant plus importante en région. C’est grâce à des spectacles en tournée que j’ai découvert le théâtre dans mon Rimouski natal. C’était à mon tour de le faire découvrir, de rendre la pareille. À nous d’aller peut-être allumer une étincelle dans le cœur d’un jeune qui verra du théâtre pour la première fois… peut-être. Mais Mr. Covid a eu le dernier mot. Le plus triste, ce n’est pas qu’il a eu le dernier mot seulement sur le spectacle mais aussi sur la survie de la compagnie. Carrément. Le show ne se fera pas, pas cette année, pas l’an prochain, pas dans deux ans… il ne se fera pas. C’était un mirage.
J’avais réussi à accepter la nouvelle. Je n’était pas le seul à vivre ça. Je ne veux pas vivre cette peine égoïstement. De toute façon, ma peine ou ma déception doit être bien insignifiante devant celle du producteur et metteur en scène qui perd non seulement un spectacle, mais tout le travail d’une vie, sa compagnie… L’horreur. On le sait, nous sommes toute une gang d’acteurs, de concepteurs, de «techs» et de compagnies qui payons fort le prix de cette pandémie. C’est excessivement difficile pour les arts vivants. Plusieurs se réorientent dans autre chose… Cette idée pour moi m’est insupportable.
Pour faire quoi? Je sais-tu, moé!
Mais je n’ai pas le choix de me poser aussi ces questions. Faudra que la vie continue. On ne sait pour combien de temps encore on en a à vivre de cette manière, avec ces contraintes… Vais-je passer encore 5 ans à attendre? Allons-nous un jour revenir à une vie normale, comme si rien ne c’était passé? Je doute, malheureusement… Je vais avoir 42 ans cette année. Une intersection. Et je me pose des questions… Beaucoup de questions… la souris se fait aller sur un moyen temps! Je rumine. Mes nuits à ruminer. Mes journées à regarder dehors, à fixer un point flou (je ne fais pas que cuisiner!). Et lorsque je pense trop, ça part en vrille.
La vague est forte. La vague est haute.
Faut s’accrocher qu’y disent. Faut être fort. Faut être patient. Faut se réinventer (ce mot, pfff!). Faut ci, faut ça… Ok! J’ai tout compris ça. Mais si comme plusieurs de mes amis et collègues je veux jouer? Si je veux être sur une scène et jouer? Devant du monde. Avec une gang. Faut quoi? L’ironie c’est que je n’ai jamais eu autant envie de jouer que depuis le début de cette crise. Comment expliquer ça? Parce qu’on sent que ça n’arrivera plus jamais? J’sais pas, je pars en vrille.
C’est ça que ça fait…
Voilà ce que cette vague apporte avec elle… Un lot de questions, et de remises en question. Voilà où je suis en ce moment. Comme la plupart. Ça fait du bien de l’écrire. Et ne vous en faites pas, je vais bien. J’arrive à être heureux et je suis très bien accompagné pour traverser cette crise. Je suis amoureux. Et une famille qui aime et encourage. Ça sauve tout!
Ça aide à flotter.
En attendant un retour sur scène, ben j’ai eu quand même la chance de tourner sur des séries cet automne. Alors que j’étais convaincu que ça n’allait pas arriver de sitôt, voilà que la chance m’a surprise. Ça arrive toujours quand on les attend le moins ces affaire-là! Bref, j’ai fait ça… je sais pas ce que ça va donner, mais j’ai fait ça. Dans vos écrans très bientôt :
__ ET POUR LES CURIEUX…
Tant qu’à y être… Voici ce dans quoi je devais jouer en tournée cette année et qui ne verra malheureusement jamais le jour. Je devais être le Capitaine Lombard dans la pièce Ils étaient dix d’Agatha Christie, une production de La Comédie Humaine, mise en scène de Martin Lavigne. Voyez cette belle gang! Que de fun on aurait eu! Salut à vous et au plaisir!