Stavanger et le Rogaland, Norvège

CHAPITRE 2

Voici la deuxième portion de notre périple norvégien. Il s’en est passé des choses dans ces trois jours planifiés au quart de tour. Ce à quoi nous n’étions pas préparés c’est d’être soufflé par cette nature qui longe la route E39, direction sud, de Bergen vers Stavanger. Un parcours spectaculaire parsemé de courbes, de campagnes, de fjords, d’arbres géants, de traversées en ferries, de tunnels, de petits villages paisibles et j’en passe… Je partage avec vous en premier lieu des images de ce trajet vers Stavanger.

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Malheureusement, la météo n’était toujours pas de notre côté pour ce trajet de 4 heures en voiture. En Norvège tout semble proche lorsqu’on regarde la distance entre un point A et un point B, mais il faut tenir compte de tous les obstacles, les montagnes, les ferries, les détours imposés par la nature et le relief sans compter les limites de vitesse qui ne dépassent jamais ou rarement les 80km/h. Ça ne rigole pas sur la vitesse en Norvège! Mais ce fut un 4 heures de pur bonheur quand même, ces fjords embrumés et ce ciel menaçant ne faisait qu’ajouter au spectacle. Une fois sur le premier ferry qui traverse le Bjørnafjord, c’est là qu’on a senti qu’en plus de la pluie et le vent, il faisait frette! Pas grave, j’aime le froid. En Norvège, on ne se plaint pas!

__ STAVANGER, PETITE VILLE, GRAND CHARME

Arrivés à Stavanger, nous avons pris possession de notre maison louée non loin du centre-ville. Une petite maison typique, hyper bien décorée, nous allions habiter dans une page de magasine de déco scandinave. Ça m’allait complètement! À peine nos choses déposées, nous étions déjà partis pour découvrir cette petite ville hyper charmante, au maisons colorées et fleuries. Tout se fait à pied, malgré le fait que Stavanger est la 4e ville en importance, ça prend tout au plus 3 heures pour faire le tour. Mais c’est tellement cute! Particulièrement la petite rue commerciale toute colorée Øvre Holmegate, ceinturée de petits restos très bien cotés et de boutiques. Le street art est partout. Chaque année se tient un festival d’art urbain là-bas. Nous l’avons raté de quelques jours…. Fallait bien manger, nous nous sommes installé à une petite terrasse chauffée sur Øvre Holmegate. Oui, chauffée! Les tables en terrasse sont munies de radiateurs placés en-dessous qui nous chauffe les jambes… même en juillet!! Exotique dites-vous?

__ JOUR 2 : DIRECTION LE KJERAG

La principale raison pour aller à Stavanger était que c’est la ville la plus proche pour s’installer confortablement et pour profiter des excursions et des randonnées possibles dans la spectaculaire région du Rogaland. Premier hiking prévu : le Kjerag, un rêve depuis toujours. Cette montée de 2h30 (décrite comme difficile par plusieurs) au-dessus de l’imposant et majestueux Lysefjord, promettait d’être mémorable. Je voulais absolument une photo sur le Kjeragbolten, ce rocher coincé entre deux versants de falaise à 1100m (3640pi) d’altitude! Espérons que la météo soit de notre côté jusqu’au bout car en début de journée c’était magnifique, mais il ne faut rien prendre pour acquis en Norvège, ça change aux 10 minutes. Nous embarquons donc dans un trajet en voiture de plus de 2h40 à travers le Rogaland, mais nous étions loin de nous douter de la beauté de la région, de l’immensité parfois presque angoissante des montagnes et des rochers, des paysages presque lunaires plus on montait sur la route étroite. Cette route restera à jamais dans ma mémoire. Chaque tournant nous réservait des vues qui nous laissaient sans mots. Jamais avons-nous autant dit : «Oh my GOD!», «Ben voyons donc!!», «WOW!!». Je vous laisse le soins de découvrir quelques photos prises sur le parcours. Des images valent mille mots. Régalez-vous.

Le début de la montée du Kjerag commence tout près de ce chalet, qui semble suspendu, à près de 500m au-dessus du Lysefjord

Complètements émerveillés, mais surtout anxieux, nous sommes arrivés à destination. Pas étonnant que cette route soit fermée en hiver, n’est-ce pas? Aussitôt sortis de la voiture, nous avons été transis par le vent froid et cette sensation d’être déjà si haut, très très haut! Le Kjerag, n’est pas un petit parc familial aménagé pour convenir à tous. Nous sommes sur une montagne en roche, pas de sentiers aménagés, par de petites clôtures pour nous retenir, non. Si tu tombes, tu tombes! Dans le petit stationnement, nous sommes accueillis par un gentil garde qui nous scanne de la tête au pieds avec ses yeux habitués de voir arriver n’importe qui.

- Vous venez monter le Kjerag?

- Oui. (un oui de moins en moins assumé vu la pluie et le vent)

- Vous savez que c’est une montée de plus de 3 heures aujourd’hui à cause de la météo? Il fait une sensation -6 degrés en haut avec l’altitude et le vent.

- Ah bon… (voyons on est en juillet!!)

- Avec la pluie, ça glisse beaucoup et je vous regarde, vous êtes pas habillés pour monter là, les gars. Ça vous prend des meilleures chaussures que ça et pas mal plus de couches de vêtements chauds.

- Ah ouin, hein…

- Vous pouvez en louer au chalet si vous voulez vraiment monter.

- Ben oui, ok. Merci, hein!

Oh boy, dans quoi on s’embarquait? Nous le savions que ça n’allait pas être une montée facile, mais avec la météo menaçante et le décor vraiment imposant nous commencions à nous dégonfler un peu. Mais on y était! C’était un rêve pour moi. On se loue des bottes et des vêtements comme nous suggérait le gentil monsieur et on commence la montée. Il nous avait avertit que le plus difficile c’est le début qui monte très à pic sur une surface rocheuse très lisse. Ouais! Avec la pluie et le vent qui nous empêchait de regarder devant, c’était pas gagné! De plus, plus on avançait, plus on croisait des gens qui rebroussaient chemin… Aïe, aïe, aïe! C’était vraiment pas de chance et surtout pas du tout réaliste de se taper cette montée dans ces conditions. Fallait abandonner l’idée. Tout ça pour ça… J’ai pleuré un peu, déçu, tellement déçu… J’ai quand même eu le temps de faire un selfie, en faisant l’air de rien… eheheh!

__ LE LYSEFJORD

Il y avait un silence de mort dans la voiture alors que nous redescendions la montagne pour aller voir le Lysefjord d’en bas à défaut de l’avoir vu d’en haut. La déception ne s’est pas fait sentir bien longtemps, nous étions entourés de tellement de beauté qu’on ne pouvait pas rester dans cet état. Surtout au sortir d’un tunnel qui aboutissait directement devant un des plus grands et des plus magnifiques fjord du pays : le fameux Lysefjord. Et le comble, c’est que le soleil est sorti de sa cachette aussitôt arrivés en bas. Quelle splendeur! Nous sommes arrivés à un quai ou les voitures peuvent prendre un ferry pour les ramener à l’autre bout du fjord, 42km plus loin, une croisière qui figure dans tous les guides touristiques. Un raccourci fort invitant!

- Prenons le traversier!

- Oui, ça va être incroyable! Oh my god! Bonjour, on voudrait savoir quand part le prochain bateau.

- Il passe seulement deux fois dans la journée et le prochain est seulement en fin de journée…

Alors non, nous n’allions quand même pas passer la journée là… c’était encore le matin… C’est alors que nous avons décidé de partir pour le Preikestolen à l’autre bout du fjord pour faire le hiking prévu pour le lendemain. On n’avait pas monté le Kjerag, on va monter le Preikestolen! Même si ça allait nous prendre un autre 3 heures pour s’y rendre! La vie est belle, on est en Norvège! Je me pince.

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__ SUITE DU JOUR 2 : LE PREIKESTOLEN

Je suis persuadé que nous sommes les seuls visiteurs au monde a avoir tenté les deux plus gros hikings de la région du Rogaland dans la même journée! On était vraiment «crinqués»! Mais il fallait nous débarrasser de la déception du Kjerag et surtout bouger après toute cette route!

Le Preikestolen est très populaire, les images du Pulpit sont sur tous les sites web, dans tous les guides et tous les comptes Instagram norvégiens. La montée est beaucoup plus facile et accessible que celle du Kjerag. En plus il s’est mis a faire beau et avec l’effort, on avait presque chaud! Le Pulpit, cet immense rocher qui pointe à 600m au-dessus de l’autre extrémité du Lysefjord, est le point culminant de la montée de 2 heures. La récompense est grande croyez-moi. J’ai pleuré, oui, je vous étonne pas trop? C’est que même si on est préparé, qu’on a lu sur le pays en long et en large, qu’on a vu des photos et qu’on sait que ça sera spectaculaire, ce n’est rien comme y être réellement. C’est difficile à décrire. Le mot anglais pour décrire le sentiment que cette nature vous procure c’est : humbling.

Après cette journée mémorable, je pense que je peux dire que c’était une des plus belles sinon LA plus belle journée de ma vie, nous avions gagné une soirée de repos à notre petite maison de Stavanger. Il devait être autour de 18h en se fiant à la lumière du jour. Nous montons dans la voiture après la descente que nous avons savouré à chaque pas, et c’est là que je me suis trouvé un peu nono. «Ben non, il est presque 21h! On est en Norvège, Jonathan, en plein mois de juillet, le soleil se couche pas, allo!» Comme c’était probablement le premier soir où le ciel était dégagé en soirée depuis notre arrivée au pays, c’est là que ça m’a frappé. La traversée en ferry sur le Hogsfjord en revenant à la maison était magique.

__ JOUR 3 : SVERD I FJELL TIL BRUTT LENKEN PÅ HAFRSFJORDEN

Comme le jour 3 était consacré à la montée du Preikestolen, nous n’avions pas de plan B. Il faisait une journée magnifique en plus. Alors on fait quoi? Il y a tout près de Stavanger une ballade aménagée le long du Hafrsfjord pour commémorer les batailles et les victoires des ancêtres vikings. Cette promenade magnifique débute en ville aux pieds de cet imposant monument de 10m de haut, le Sverd i fjell (Les épées dans le rocher). Chaque épée représente un roi des divers royaumes de Norvège s’étant battu pour l’unification du pays. La plus grande symbolise le vainqueur, le Roi Harald Hårfagre (Harald à la Belle Chevelure, c’est son nom!), 1er roi de Norvège, nommé en l’an 872. Le parcours de 2 heures le long du fjord se termine à l’endroit où le fjord rejoint l’océan Atlantique. Ce point précis est décoré d’un monument qui m’a tellement touché, la Brutt Lenke (La chaîne brisée). On parle ici d’une chaîne géante qui donne l’impression qu’un immense navire vient de se libérer pour prendre le large. En réalité, cette chaîne brisée commémore les victimes d’un accident grave survenu sur une plateforme pétrolière dans la région en 1980. C’est moins poétique, mais ça m’a touché cet endroit.

Entre ces deux monuments, la promenade offre des points de vue magnifiques en plus de nous permettre de voir des maisons et des propriétés vraiment uniques et très design. Ah ces scandinaves! C’est riche dans ce coin là! Stavanger est une ville pétrolière alors les gens qui habitent le long du fjord en banlieue de la ville ont les moyens et ça se voit! On a fait du lèche vitrine en même temps qu’on a observé l’horizon.

__ FIN DE LA 2e PARTIE DU VOYAGE

Voilà qui résume cette portion de notre voyage. C’était bien rempli, n’est-ce pas? Nous étions fin prêts à revenir sur Bergen, refaire cette route magnifique dans l’autre sens pour attaquer la dernière portion de notre voyage en Norvège : Oslo. Mais avant nous avons pu profiter d’une dernière soirée à Stavanger et un repos bien mérité. Quelle voyage! Non mais quel voyage! Et le plus beau, c’est que ce n’est pas terminé! À suivre!!